Cet article, pour qui et pour quoi ?
Que ce soit dans ma pratique d’accompagnant dans la relation ou comme manager durant de nombreuses années, j’ai observé que l’incompréhension dans la relation est source de dysfonctionnements, de conflits voire de disputes.
J’ai souhaité, ici, apporter une courte synthèse de mes connaissances et recherches à destination de celles et ceux qui sont impactés par les mots des autres.
J’associe également ceux qui constatent, chez l’autre, de l’inconfort en réaction à leur discours, et qui souhaitent mieux comprendre ce qui se joue pour en changer.
Pour le manager qui constatent des tensions et dysfonctionnements relationnels, cela pourra apporter des pistes de réflexion pour aller vers une meilleure harmonie de groupe.
Cette synthèse est réalisée à partir des connaissances en sciences humaines et des modèles largement utilisés en entreprises dans les disciplines actuelles d’accompagnements. Je me suis appuyé également sur l’observation des impacts positifs que génèrent les changements de comportements, suite aux prises de consciences des personnes que j’accompagne.
Je porte mon attention ici sur le message oral plutôt qu’écrit, bien que les similitudes sur les impacts et leurs causes soient proches, mais avec tout de même des variantes.
Cette synthèse n’est pas la vérité, qui n’existe qu’en chacun, mais plus une réflexion et un recueil de connaissances visant à apporter un éclairage que j’espère le plus aidant possible.
L’impact des mots ?
Clairement, les mots en soi ne sont pas de nature à blesser. Ce qui blesse est l’écart entre ce qui est perçu et ce qui est attendu dans un contexte donné.
D’ailleurs, sans un mot, on peut être blessé : par un geste, un regard, une onomatopée, même un silence.
Mais pour ce qui est dit, la science a mis en évidence, il y a déjà plusieurs décennies, que le message parlé c’est :
– 50 % de non verbal (ce qui accompagne le mot : les gestes, les postures, les mimiques..)
– 30 % de para verbal (ce qui module le mot : intonations, volumes, variations, rythmes..)
– 20 % de sémantique (le mot : le signifiant (le mot utilisé) et le signifié (ce que l’on veut dire avec ce mot)).
Le message parlé passe autrement que par les mots et, selon la sensibilité de chacun, peut être reçu de manières très différentes.
Et ce message, fait de mots, est créé et interprété selon :
– L’histoire de chacun (la longue construction des filtres inconscients).
– L’humeur du moment de chacun.
– L’étendue du champ sémantique de chacun.
– Les filtres supplémentaires qui vont distordre le message (omissions, généralisations, amplifications, minimisations, …)
– Les sensibilités et hypersensibilités (des sens plus développés que d’autres : on pourra y mettre l’observation Visuelle, l’Auditif, l’Olfactif parfois, et le monde des ressentis (indicibles et invisibles)).
– L’émotion.
Ce dernier point est un paramètre déterminant. Du fait qu’elle soit imprévisible, fulgurante parfois, qu’elle vienne du monde invisible de chacun, l’émotion garantit l’authenticité du message, elle donne du poids aux mots.
Elle est souvent palpable, elle peut se lire sur le visage, dans les postures et les rythmes. Elle doit donc être intégrée dans les filtres de l’interprétation, de part et d’autre des acteurs en jeu.
Elle doit cependant être appréciée à sa juste place en analysant le signal qu’elle émet.
Et selon le type de personnalité de chacun, ce signal peut être faible sans pour autant enlever de son poids aux mots (personnes peu expressives émotionnellement) ou ce signal peut être fort, voire très fort, sans signer pour autant une authenticité plus forte encore (personnes naturellement très expressives).
Il faut prendre conscience aussi que les incompréhensions de soi et de l’autre sont structurelles : on ne sait pas tout de nous, on ne comprend pas tout de nous, on ne peut pas toujours prévoir comment nous allons réagir, dysfonctionner sur un événement.
L’irruption des émotions ou d’une angoisse montre à elle seule à quel point nous ne pouvons qu’accueillir et accepter ce qui est incontrôlable et inexplicable parfois par nature humaine.
C’est la personnalité qui est donc cheffe d’orchestre de l’émission et de la réception du message.
Les grands traits des personnalités de chacun génèrent les structures du langage (pour l’émetteur), les attentes pour se mettre en action, également la vulnérabilité ou l’insensibilité à certains mots ou messages (pour le récepteur). Il est donc essentiel de comprendre que les attentes sont très variées d’une personne à l’autre selon sa personnalité dominante (cf la Process Com autour des types de personnalités).
Et lorsque c’est la personnalité qui fait trouble, c’est autour de l’estime de soi que l’impact des mots peut être le plus dommageable à moyen et à long terme, pour qui reçoit.
En conclusion, il est posé que les attentes, lorsqu’elles ne sont pas comblées, même partiellement, qu’elles soient psychologiques, liées aux contextes ou à la personnalité, vont potentiellement générer des dysfonctionnements et des maux.
Les maux :
Ce sont les conséquences de la perception des mots qui transforment la relation entre deux personnes, de l’inconfort à la toxicité.
Selon la perception de chacun, le mot peut faire basculer dans un doute, renforcer une croyance limitante (vérité), faire baisser une estime de soi déjà dégradée. Cette attente non assouvie peut durablement entamer la façon de penser de soi, des autres, alimenter de nouvelles peurs, symptomiser, devenir troubles.
Elle peut également déclencher un déséquilibre du système relationnel du groupe avec de multiples impacts.
Et les questions existentielles qui se cachent derrière chaque type de personnalité, vont contribuer à déclencher les dysfonctionnements : si elles ne trouvent pas échos dans les mots de l’autre, qu’elles restent sans réponse, voire qu’elles soient niées.
Je propose un petit exercice qui peut permettre à chacun de s’orienter sur ses attentes primaires au travers de quelques exemples de questions existentielles.
Suis-je aimable (se sentir aimé) ?
Suis digne de confiance ?
Suis je compétent ?
Suis-je voulu ?
Suis-je vivant ?
En vous immergeant dans une interaction récente qui a dysfonctionné pour vous, voyez laquelle ou lesquelles de ces questions vous ont heurté, déstabilisé et/ou blessé.
Essayer de deviner également chez l’autre ce qui se joue !
Un travail autour des réponses apportées à ces questions permet de mieux se protéger pour que l’impact des mots soit moindre voire annulé et de prendre l’autre en compte dans son interprétation.
Cela n’est pas le cas, ou cela nécessite un travail d’une autre nature, quand les mots contiennent les ingrédients d’un traumatisme, viennent d’une volonté de blesser, ou lorsque des troubles liées à la personnalités sont constatés.
Quels accompagnements ?
Changer soi ?
La prise de conscience que les mots peuvent blesser ponctuellement, que les réactions aux mots de l’autre parlent de soi et non de l’autre, sont des étapes qui peuvent s’avérer essentielles dans la conduite du changement. Ce dernier peut être accompagné dans une démarche de développement personnel.
En revanche, modifier les impacts des mots lorsqu’ils font souffrir durablement passe plus par un accompagnement de type psychothérapeutique adapté.
Sorti des exceptions pour lesquelles les mots génèrent de la souffrance durable, les solutions d’accompagnement en développement personnels et en thérapies brèves orientées solutions suffisent dans la plupart des cas (utilisation des modèles de l’Analyse transactionnelle, de la process com, de l’hypnose Ericksonienne, de la PNL, des techniques de gestion émotionnelles…).
Changer l’autre ?
Même si cela est le réflexe primaire, changer l’autre, c’est changer son histoire.
En clair, laisser dans le monde de l’autre ce qui est de son monde :
« Cela ne me regarde pas, mais le regarde ».
« Ce qui lui parle ne me parle pas … »
« Chez toi ce n’est pas chez moi .. »
Mais faire prendre conscience à l’autre que ses mots impactent négativement, que l’on attend une autre forme, une autre façon de parler, est en revanche une voie qu’il faudra essayer d’emprunter le plus souvent possible, avec un certain nombre de précautions qui peuvent être mises à jour dans un cycle d’accompagnement en fonction de chaque cas.
Conclusion :
Je terminerai sur cette citation d’Anthony Hopkins qui illustre assez bien ce que pourrait être une protection efficace, dans le respect de l’autre.
« Ce n’est pas mon affaire ce que les gens disent de moi et pensent de moi. Je suis ce que je suis et je fais ce que je fais. Je n’attends rien et j’accepte tout. Et cela rend la vie beaucoup plus facile ».
Et s’il est parfois difficile d’arriver seul à cette prise de recul, si les dysfonctionnements relationnels sont indentifiés, le conseil est de vous adresser à des professionnels de l’accompagnement en développement personnel au plus tôt. Et une meilleure connaissance de soi aura toujours un impact positif sur vous, sur l’autre et sur l’équipe avec laquelle vous travaillez.
– Ouvrages de référence :
Les 4 Accord Tolteques, Miguel Ruiz. notamment : N’en faites pas une affaire personnelle, Ne faites pas de supposition.
Comment leur dire, de Gerard Collignon.
Introduction à l’Emetanalyse, de Bruno Dal Palu.
– Exemples d’outils et de modélisations utilisés en accompagnements psychothérapeutiques ou en développement personnel :
La PNL,
L’Analyse Transactionnelle.
La Process Com.
Concepts de l’EMETANALYSE (marque déposée).